Édition originale.
Envoi a. s. : À Mr le Comte Alexis de Noailles de la part de l'auteur.
Après Aloys ou le Religieux du mont Saint-Bernard, roman à clefs publié anonymement en 1829, Mémoires et Voyages constituent le premier pas officiel de Custine en littérature – un itinéraire spirituel et subjectif au moins autant que « touristique » remarqué par Stendhal qui en fit un compte-rendu dans Le Temps du 3 février 1830, jugeant au final le premier volume agréable, le second excellent (mais entre la rédaction des deux volumes, dix ans s’étaient écoulés : Custine avait vingt ans lorsqu'il parcourut la Suisse, l'Italie et la Calabre, trente ans lors de son voyage en Angleterre et en Écosse).
Custine, après avoir sollicité quelques conseils à l’auteur des Promenades dans Rome, lui avait fait déposer un exemplaire le 7 janvier 1830 – trois jours plus tard, Stendhal écrivait à son ami de Londres, l’avocat Sutton Sharpe : pour vous récompenser je vous enverrai le meilleur voyage en Angleterre qui ait paru. M. de Custine a l’esprit fin et aristocratique (…) et de poursuivre dans ce même mois auprès de Sophie Duvaucel, M. de Custine n’est point un charlatan, il n’est point vaudevilliste courant après le trait. Il peint vrai : trois petites qualités assez rares (…). Et que dire du mot que lui envoya Balzac à la lecture de son voyage en Espagne de 1838 (L’Espagne sous Ferdinand VII – sur le site) : Vous êtes le voyageur par excellence. Ce que vous faites me confond, car il me semble que je serais incapable d’écrire de semblables pages. Si vous faites la même chose sur chaque pays, vous aurez fait une collection unique en son genre, et qui aura le plus grand prix. Un an après, Custine partait pour la Russie…
Le Comte Alexis de Noailles (1783-1835) est le fils d’Antoine de Noailles, député aux États-généraux puis à la Constituante, qui émigra en 1792 mais rejoignit Bonaparte en 1800 pour disparaître lors de l’expédition de Saint-Domingue tandis que sa mère était guillotinée en 1794. Alexis fut élevé par sa tante, la duchesse de Duras, la première amie de Chateaubriand, auteure d’Ourika et d’Édouard. Custine se fiança avec sa fille, Clara de Duras, mais se récusa à trois jours du mariage convenu (le sujet caché d’Aloys et l’origine du méchant roman d’Henri de Latouche, Olivier, abusivement attribué à la duchesse). On est un peu en famille …
Bel exemplaire dans une reliure attribuable à Devauchelle, père ou fils.
Quant aux dédicaces de Custine ... elles sont fort rares.